Le lien n’est pas si clair, les corrélations existent mais ne sont pas statistiquement significatives sur les grands effectifs. La date de publication des études lues montre une évolution des connaissances sur la question : dans les premières décennies (avant les années 2000), on concluait plus facilement à une causalité directe entre la respiration buccale et la dysmorphose craniofaciale. Les études plus récentes, avec l’arrivée de techniques comme l'imagerie tridimensionnelle ou les approches statistiques multivariées, remettent en question cette relation simple en soulignant la complexité multifactorielle du développement craniofacial.
Une étude de 2023 sur des jumeaux semble orienter le débat : « Les dimensions des voies respiratoires supérieures sont fortement déterminées par les gènes, tandis que les paramètres des voies respiratoires inférieures dépendent principalement de facteurs environnementaux. » (1) Ainsi la partie plutôt basale du crâne serait plutôt innée (palais, largeur maxillaire, angle céphalo-cervical) tandis que la partie plus membraneuse (mandibule, langue et dentition) serait plutôt adaptative. La densité de l’os cortical de la mandibule est diminuée précocement chez les RB (2).
Dans ce sens, diverses études qui associent un palais étroit à une perméabilité nasale moindre (3, 4, 5). A contrario mais conduisant aux mêmes conclusion, un certain nombre d’études montrent une amélioration de la fonction respiratoire, avec une diminution des symptômes type SAOS, après une expansion palatine orthodontique (6, 7, 8).
Les études d’imagerie les plus récentes tendent à minimiser cette interaction (9), mais on notera qu’elles ne mesurent pas la fonction comme les précédentes, mais l’anatomie sur des imageries fixes (10).
Les « mauvaises habitudes orales », telles que succion du pouce, succion des lèvres, déglutition primaire, mastication asymétrique (11)… sont associées aux malocclusion et à la respiration buccale (12), mais on ne sait pas non plus si elles sont cause ou conséquence. Encore une fois, il semble que l’obstruction nasale soit antérieure et causale de ces comportements (13). Le frein lingual ne semble pas causal non plus (14).
A noter toutefois qu’être respirateur buccal à l’âge adulte n’impacte pas la qualité de vie, et malgré une force musculaire respiratoire plus faible (15), n’empiète pas sur l’endurance musculaire (16), et donc les compétences sportives, nonobstant ce qui a été montré sur le sommeil.